Histoire


L'histoire insolite d'un aventurier missionnaire

Dans son livre "Je vous écris du bout du monde" Monsieur Daniel Crozes signale : "Saint-Juery (commune de 257 habitants aujourd’hui ) a montré un dynamisme étonnant dans le domaine des vocations, fournissant en un siècle 27 prêtres dont 4 missionnaires et 45 religieuses dont 24 installées dans 15 pays du monde"
Le 7 octobre 1858 naissait aux Auzals commune de Saint- Juéry Jean-André Soulié qui eut une destinée hors du commun.
Nous exploitons ici un texte relatant les grandes lignes de sa vie tiré de la Revue religieuse du diocèse de Rodez.
"Le futur missionnaire, après ses études primaires faites dans son village natal fut envoyé au "petit séminaire de Belmont" où il se fit remarquer par son appllication à l’étude et il fut l’élève de confiance de tous ses professeurs."
"Jean Soulié entra au grand séminaire au mois d’octobre 1881.Les études philosophiques et théologiques étaient plus adaptées à sa trempe d’esprit que les études littéraires. la vie du séminaire lui plaisait et il fut pendant cinq ans le modèles de ses condisciples.Très énergique il fit de grands progrès. L’observation stricte et ponctuelle du règlement, la charité pour ses condisciples :telles furent ses vertus préféreés. L’un de ses amis lui demandant ce qu’il avait ressenti l’ors de son sous-diaconat (impressionnante cérémonie de la prostration )il lui répondit <>mais c’est à ce moment là que germa cette vocation de missionnaire qu’il devait suivre l’année suivante. Il était réservé et ne parlait pas de son projet car il voulait épargner à sa mère la douleur que lui causerait son départ.
Il entra au séminaire de la rue du Bac à Paris et après dix mois passés au milieu des aspirants missionnaires il fut ordonné prêtre le 5 juillet 1885 et le 7 octobre il partit pour la mission du Thibet."
Lorsqu’il arriva à Ta-tsien-lou en 1886 , les mauvaises dispositions du vice-roi Lieou-Pin-Tchang à l’égard des missionnaires, déteignaient sur tous les mandarins subalternes.et ce ne fut qu’ après une chevauchée d’une vingtaine de jours et après maintes péripécies qu’il arriva à Bathang le jour de Noël 1886 en compagnie de Genestier .
Aussitôt installé il apprit la langue thibétaine parlée et écrite .Outre son curé il eut comme maîtres deux enfants qui lui expliquaient chaque chose.La paix ne devait pas durer et la nuit de la Pentecôte 1887 l’habitation qu’ils occupaient était lapidée .Réveillés ils crurent à un tremblement de terre : c’étaient les partisants des lamas .Pendant six semaines il fallut veiller à tour de rôle pour prévenir de nouvelles attaques.Le 20 juillet une nouvelle attaque particulièrement violente les obligea a passer dix jours dans un réduit infect et sans air. Ils durent s’évader et quitter Bathang au galop de leurs chevaux avec les lamas à leur poursuite.
De retour à Ta-tsien-lou il se remit à l’étude du chinois qu’il avait commencé avant d’aller à Bathang. Pour se délasser de l’étude des langues il parcourrait les plateaux et les montagnes où il fit d’excellentes collections botaniques. Les connaissances acquises au cours de ses études le portaient aussi à s’occuper de géologie.
En 1891 il fut nommé à Tongolo.Les mandarins chinois et les lamas devenaient de plus en plus dangereux et il fallait voyager incognito . Il fit certains voyages par des routes inconnues , dans la neige sans allumer de feu pour ne pas allerter ses poursuivants et pour fond sonore le lugubre hurlement des loups affamés. Les périodes troubles se succèdent et notre missionnaire malgré l’appui du représentant de la France à Pékin a bien du mal à imposer sa présence à Bathang .
Il soignait la population gratuitement et cela lui permettait de se faire accepter.Il était devenu un habile médecin et pour cela se procurait des médicaments européens et chinois. Ses déplacement lui servaient à récolter des plantes intéressantes il correspondait avec le Muséum de Paris et la Société de géographie qui lui décerna une médaille. Mais les lamas lui reprochent de "prêcher une religion autre que celle de la lamaserie de Bathang" Il est capturé , torturé et fusillé le 14 avril 1905.
Il ne faut pas oublier de préciser que notre missionnaire a participé à introduire en France un nouvel arbuste que nous connaissons sous le nom "d’arbre à papillons" Il parait que l’un d’entre eux porte le nom de Buldeia Souliéus en hommage à notre compatriote.
Vous trouverez un article traitant du Père Soulié en cliquant ici.